Études historiques et figures alsaciennes

KANT ET LA PAIX PERPÉTUELLE 51

narchie. Seul un souverain absolu, ayant en main une armée permanente, peut engager follement une guerre dont personnellement il ne souffrira pas, et dont toutes les conséquences retomberont sur ses sujets.

La guerreentre peuples civilisés a ses mœurs, comme la paix. Elle exclut tout acte déloyal ou inutilement cruel, qui pourrait détruire l’estime et la confiance réciproques entre les belligérants. Elle suppose toujours que l'ennemi d'aujourd'hui peut devenir l’allié de demain. Elle ne doit jamais avoir pour but la suppression d’un État ou la prise de possession d’une partie d’un État par un autre. Un État, en effet, n’est pas une simple étendue de territoire ; c’est une association d'hommes, c’est-à-dire d’êtres inaliénables. Une population, dit Kant avec une image, n’est pas une branche qu’on peut détacher d’un arbre pour la greffer sur l'arbre voi-

sin, elle est elle-même un arbre qui a ses racines

dans le sol. La guerre, selon Kant, est une manifestation