Études historiques et figures alsaciennes
KANT ET LA PAIX PERPÉTUELLE 53
les sauvages de l'Amérique et ceux de l’Europe, c’est que les uns dévorent leurs ennemis, tandis que les autres se bornent à écorcher les leurs. »
Pour faire cesser l'anarchie entre les nations, que faudrait-il ? Un lien fédératif, les unissant entre elles, comme lelien social unit entre eux les individus. Mais où est la force publique, capable de contraindre celle qui voudrait rompre le lien qu’elle a contracté avec les autres ? C’est encore un point d'interrogation devant lequel s'arrête la dialectique du philosophe.
Kant déclare, dans une préface, avoir emprunté le titre de son opuscule à une enseigne d’un cabaret hollandais, représentant un cimetière. Est-ce à dire que la paix ne règne que chez les morts? Ce serait une solution trop pessimiste. Kant, dans un article supplémentaire, exprime l'espoir qu’un jour viendra « où les États armés pour la guerre voudront bien consulter les philosophes sur les conditions d’une paix durable » ; mais il est obligé d’avouer que, pour le moment, les gouvernements ont d’autres soucis.