Bonaparte à Ancône

ANCONE ET L’ADRIATIQUE 451

le bruit courut que la flotte anglaise était à Malte. Les fortifications et la garnison de Corfou étaient encore insuffisantes; 6.000 quintaux de blé venaient de partir d'Ancône pour approvisionner les troupes, mais ils n'auraient peut-être pas le temps d'arriver aux iles avant les Anglais. L’escadre de Brueys n'avait pas encore achevé son ravitaillement et son armement : Le plus sage, pensa Bonaparte, était de tenir l’escadre près de la côte, dans la rade de Goro, sous la protection de batteries à boulets rouges, ou même de l’enfermer dans Venise ou dans Trieste et de la sauver en refusant la bataille.

L'alerte n'eut pas de suites, mais ce fut une lecon. Deux jours après que Bonaparte eut fait part de ses inquiétudes à Berthier, le 13 septembre, Brueys avait terminé son approvisionnement en vivres et en matériel ; le 22 il reçut l’ordre de quitter Venise pour Toulon où le rappelaient les instructions du Directoire, en passant par Raguse et les bouches de Cattaro, où il devait sommer les