Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

INTRODUCTION XXIIL

tiques et d’historiens. Aussi le temps n’est pas éloigné, peut-être, où la grande Tsarine, remise sur pied, et réhabilitée par une histoire bien documentée, sera, malgré l’'énormité de ses penchants et le dérèglement de sa vie intime, considérée dans ce trio de souverains du dix-huitième siècle, comme célui qui eut le plus l'esprit créateur, le jugement droit et la volonté ferme qui fondent les grands Empires et les fortunes solides. Du moins, il n’est plus permis de ne pas la mettre sur le même rang que ses deux rivaux de Berlin et de Vienne, avec la complicité desquels elle réalisa le premier partage de la Pologne. Ce premier partage, en effet, servit en partie de dénouement à /a question d'Orient, et la question Polonaise devint ainsi la grande affaire du règne de Catherine.Certes,l'Impératrice eut préféré garder la Pologne entière sous son influence, afin de se l’annexer plus aisément un jour; aussi l'idée d’un démembrement n’est pas d'elle ; c'est le grand Frédéric qui eut le premier cette

s

pensée terrible à laquelle l'Autriche de Marie-

Thérèse et de Joseph IT se rallia volontiers, — en ayant l'air de la subir. — Quand il s'agit du pre-

mier partage, Catherine dut compter avec la Prusse. Mais dès que Frédéric eut disparu, — bien que la Prusse restät redoutable, — Catherine devint l'arbitre de l'Europe, ainsi qu'elle l'avait rêvé. C'est elle qui précipita la ruine de la Pologne, et c'est