Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

XXIV INTRODUCTION

la Russie surtout qui en tira profit. Frédéric, il est vrai, fut un grand capitaine ; mais en politique Catherine était de force à se mesurer avec lui, et Napoléon a pu dire qu'elle était « une maitresse femme digne d’avoir de la barbe au menton.»

« Moi, dira-t-elle sur la fin de sa vie à ChoiseulGouffier, j'ai mené ma petite barque le mieux que j'ai pu. » Certains jours, il est vrai, elle ne sut pas ce qu'était la modestie, mais il est certain qu'elle mena sa barque le mieux qu’elle put, et elle la mena fort bien. Et sa barque n'était point si petite, puisque plus d'une fois elle porta les destinées de l’Europe. La souveraine qui affaiblit la Suède, qui fit reculer le Turc et se rapprocha de Constantinople, qui supprima la Pologne, en portant des coups redoublés aux trois alliés séculaires de la France ébranla les traditions de la vieille Europe, porta lé trouble dans ses combinaisons et lui apprit à compter désormais avec l'Empire des Tsars. Et ce n’est pas par là seulement que la politique de Catherine exerça son influence sur l'Occident. Il a pu être dit que « si personne ne contribua plus que Catherine à former la coalition contre la France républicaine, personne ne contribua plus à la dissoudre, et qu'ainsi, sans le vouloir et sans le savoir, elle rendit un immense service à cette Révolution qu'elle exécrait et dont elle sou-