Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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les plus divers et les plus contradictoires. Elle n’en a cure. Ce principe brutal: La fin justifie les moyens. elle le traduit ainsi : « Toute la politique est fondée sur trois mots : circonstances, conjectures et conjonctures ; » et elle l’applique avec la dernière rigueur. Elle profita de toutes les circonstances, conjectures et conjonctures qui s'offrirent à elle et qui pouvaient aider au triomphe de sa politique et à l’affermissement de sa gloire. Elle fit mieux : elle les fit naitre, les noua et les dénoua avec une habileté sans pareille.

Quand elle eut besoin des philosophes, elle alla les chercher, et elle se servit d’eux. Elle se servit également de la Révolution, en excitant l'Europe contre elle. son libéralisme n’a qu’un guide : l'intérêt.

Il n’est pas sûr qu'elle-même se rende compte des contradictions de sa pensée et de ses actes. Son esprit ne percevait que l'unité de son but politique.Aux moralistes qui seraient tentés de lui demander compte de sa conduite, elle répondra par un sourire moqueur. Quand Necker érigera la vertu en principe de gouvernement, elle battra des mains: elle applaudira toujours à la morale des autres : mais les préceptes de morale ne sont pas faits pour une grande souveraine comme elle.

En résumé nous ne pouvons douter de son libéralisme. Elle ne veut pas savoir ce que serait un gouvernement démocratique ; — quand elle lapprend elle en à horreur ; — mais elle a des sentiments républicains, etelle s’efforce de les faire passer dans le domaine de la réalité autant que le permet un despotisme éclairé. Elle