Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***

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nera. Le fort d’un grand nombre d'honnêtes &c d’utiles négocians eft donc abandonné aux volontés abfolues d’un feul miniftre ; car en vain les diftributeurs de ces terribles arrêts prétendroient-ils fe couvrir de l'autorité née de VorreMasesré & de fon confeil des dépêches: ni vous, SIRE, ni votre confeil n’avez le tems & les moyens de vérifier les faits, de difcuter les titres. Obligé de vous en rapporter aux lumières d’in feul homme, vous n’avez aucune défenfe contre fes préventions, contre fes négligences, contre Ê complaifances, contre fes erreurs , contre fes prévarications. VOTRE Masesté ne doit donc pas être étonnée de la {candaleufe multiplicité de ces arrêts diftribués fans règle & fans mefure. L'abus eft parvenu au point que l’on a vu des hommes accrédités, bravant fous leur proteérion toutes les pourfuites, faire des furféances le moyen de leur fubfiftance & le foutien de leur luxe.

Quels purent donc être les motifs dont on s’autorifa, lorfque pour la première fois on ofa faire dans le confeil des rois, l’étonnante propofition des arrêts de furféance ? Plus au “premier apperçu un vice révolte Ja raifon , plus on eit tenté de penfer qu'il a fallu pour Pintroduire, préfenter l'apparence d’un grand bien , & plus on s’efforce de rechercher quel eft cette intérêt public que l’on 2 cru pouvoir uvir à un abus aufli funefte, Et cette recherche, Sir, n’eft pas inutile. En fupprimant un abus il importe de connoitre toutes fes branches, pour les retrancher ; tous les prétextes dont on l'a coloré, pour les con-