Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***

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qu'ils ont accordé , empêcher la ruine de quelques familles & aflurer le paiement de leurs créanciers. Notre procédure eft embatraffée de tant de longueurs , furchargée de tant de frais, qu’il eft prefque impoñible d'obtenir des tribunaux ordinaires , la libération d’un citoyen. Un feul créancier de mauvaife foi ou de mauvaife humeur , ou ce qui eft infiniment plus commun & ce qui fe rencontre prefque toujours, un feul procureur intéreffé & exercé dans les rufes ocieufes du palais , fufit pour arrêter la bonne volonté du tribunal. Des chicanes toujours srenaïflantes, qui toutes exigent des jugemens particuliers &c des écritures multipliées qu'il faut payer à grands frais, bent le patrimoine du dé+ biteur & diffipent le gage des créanciers. Ainfi le recours à la juftice, qui devroit dans tous les cas être le falut des citoyens, devientune caufe infaillible de ruine, malgré les meilleures intentions des jugès , & contre l'intérêt même _de ceux qui s’adreffent à eux. C’eft cet abus de la juflice, SRE, qui a entraîné l’abus de l'autorité, Habilesà profiter des circonftances pour tout attirer à eux & pour accroître leur pouvoir, Îes miniftres ont imaginé de mettre votre confeil des dépêches ‘à la place des tribunaux, & d’y rendre fans procédure & fans frais des arrêts , qui fufpendant les pourfuites trop ardentes des créanciers , donnaflent aux débiteurs le tems de leur fatisfaire. Quelque fois , nous lavouons , if a vu réfulter une libération plus facile, plus prompte , &lefalut commun des créanciers &