Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***

- (395

D'abord quel inconvénient pour Île bier général, que de voir les objets principaux de Vadminiftration du royaume réfolus diver{ément dans les diverfes parties de la monarchie ? N'eft-il pas évident qu’.1 fortira de toutes ces affemblées des décifions différentes , fouvent même contraires ? Îl n’y aura ni uniformité. ni concert, ni ordre; il n’y aura plus de nation.

Mais confidérons même le bien particulier des peuples de chaque diftriét; examinons fi leurs intérêts peuvent être foutenus aufs avantageufement par eux-mêmes dans leurs aflemblées, que par leurs repréfentans dans l’affemblée nationale. Réuniront-ils parmi eux plus de lumières qu’il ne s’en trouvera entre ces nombreux députés choïfis fur tout le royaume? Connoîtront-ils mieux ce qui eft véritablement utile? Auront-ils plus de pénétration pour découvrir des vérités fouvent obfcures & enveloppées à travers les fubtilités du fophifme & les preftiges de l’éloquence ; & fur-tout, ce qui leur fera finguliérement difficile, appercevront-ils plus sûrement les facrifices que l'intérêt général exige continuellement des intérêts particuliers ? car Îe bien de l’état eft effentiellement lié à celui de toutes fes parties, & les malheurs communs retombent toujours avec force fur les individus. Et quand ils auront vule bien, auront-ils la même puiffance pour l’opérer ? Leurs follicitations auront-elles le même poids, leurs démarches la même force? Pourront-ils fe donner la même énergie pour furmontér les