Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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priété animale ; n'est-ce point le M. Thomé avec qui j'ai dîné plusieurs fois chez vous ?...
« Sans compter une bibliothèque choisie, j’ai des manuscrits, de quoi passer mon hiver et oublier que je suis entre deux chaînes de montagnes couvertes de neige, qui rendent cette morte saison si différente de celle du tropique de l’Ecrevisse, où la nature dans toute son action, manifeste la grandeur et la puissance du moteur infini qui viviñe les mondes...
« Il paraît que la religion théophilanthropique fait un grand progrès à Paris, du moins suivant vos misérables gazetiers. Si elle ne procure pas plus le pain de vie que toutes les autres, il faut espérer qu’elle ne fera pas verser de sang et qu’elle se tiendra dans une pure représentation théâtrale, pour amuser la grande oisiveté de la fourmilière parisienne...»
Malheureusement sa santé ne se soutint pas, comme il l'avait espéré, jusqu’à la fin de ce rude hiver. En avril nous l’entrevoyons malade à Strasbourg et demandant par lettre des renseignements sur ce qui se passe à Haslach. C’est un voisin, nommé Scheer, qui lui répond par des détails, peu clairs pour nous, mais évidemment de nature à vexer plutôt qu'à réjouir Butré. Contrairement à ce que le propriétaire de l'immeuble avait décidé, c’est dans l'étage supérieur, et non au rez-de-chaussée, que s’est établi un nommé Breu ou Brey, qualifié plus tard de négociant (un petit épicier sans doute) ; les effets de Butré ont été entassés dans la chambre d’en-bas, qui reste fermée à clef. Il n’y a rien de planté dans le jardin, sinon que « du côté de la couche » la servante à « semé de la salate et des bois ». Ce qui devait attrister tout particulièrement notre arboriculteur, c’est que le citoyen Scheer ajoutait : « La nuit du 28 février passé, l’on vous à encore enlevé les bêches qui étaient contre les murs de votre voisinagent; c'est aparamment les mêmes voleurs qui à voler les autres arbres *.»
‘ Lettre de Haglach, 6 floréal an VII (25 avril 1799).