Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
— 188 —
vermicel par le moyen de la machine simple que j’ai fait venir de Paris, afin de pouvoir en faire un usage avantageux’ et les conserver dix ans sans aucun dommage et en répandre la connaissance dans cette province, où elle est la principale nourriture de tous les villages. Voilà ma dernière petite occupation d'utilité, puisque je ne puis l’employer aux plus grandes opérations nécessaires pour répandre l'abondance et le bienêtre dans les différentes classes sociales ».
Il paraît qu’à cette seconde lettre les bureaux ministériels répondirent encore par des formules plus ou moins vagues, car Butret se fâche à la fin et fait parvenir à Chaptal les quelques lignes que voici :
« T ventôse, an X (26 février 18092).
« J'ai eu l'honneur de vous dire par ma dernière que la Révolution m'avait fait perdre toute ma fortune et que je n’avais à présent que de quoi vivre de pommes de terre, pourquoi j'en faisais du vermicel. Avec quoi voulez-vous donc que je fasse l’entreprise d’un jardin fruitier, pour servir d’instruction publique? Sans mes pertes, je ne proposerais rien, mais j'agirais; ne le pouvant et le gouvernement ne le voulant pas, je finirai ma carrière déjà longue, car j'ai 77 ans... N'ayant femme, ni enfants, ni parents, un coin de terre me suffit pour y planter des patates, afin de ne pas mourir de faim, après avoir passé toute ma vie aux travaux les plus utiles. Ainsi en finissant mes derniers jours dans la nullité, je vous fais mes tristes adieux... Salut et fraternité! »
Il fallait donc se résigner; repoussé de toutes parts, trop pauvre pour travailler dorénavant à ses propres frais, Butré ne devait plus songer qu’à chercher un abri tolérable qui lui remplaçât à la fois Haslach et Strasbourg. Il chercha longtemps et en vain; mais, vers la fin de l’automne 1802, il crut
À Nous voyons en effet figurer l'achat d’une «machine à vermicel » parmi les dépenses de l’année 1801. Elle lui coûta huit livres.