Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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précisément à celui de ses confrères qu’il venait d’y remplacer, nous retrace en même temps un tableau fidèle de la disposition de son esprit et de celle de son entourage. Aussi transerivonsnous ici cette lettre en entier, malgré sa longueur; elle donnera au lecteur une idée assez exacte du ton général de sa correspondance où lardeur exubérante du néophyte, persistant jusqu’à l'extrême vieillesse, ne cessera jamais de donner une certaine enflure à un style naturellement terne et fort peu littéraire, défaut commun d’ailleurs à toute l’école physiocratique. L'introduction de la lettre et certains passages de la fin s'appliquent évidemment à des reproches discrets que Dupont (de Nemours) avait faits à M. de Butré. Le chargé d’affaires du margrave, le conseiller de Turgot, craignait sans doute d'être mis à l'écart à la cour de Carlsruhe par le nouveau venu; peut-être aussi, plus calme lui-même, appréhendait-il que l’humeur un peu brouillonne du gentilhomme tourangeau le fit pousser trop brusquement la grande expérience tentée par Charles-Frédéric, mais qui, dès ce moment, commençait à tourner en déception pour les esprits moins entichés des prétendus axiomes du Tableau économique.
Du 7 mars 1775.
« Monsieur et cher confrère, je suis on ne peut plus peiné d’avoir pu vous causer la moindre inquiétude. Ce n’est sûrement point dans mon âme d’en procurer à qui que ce soit sur la terre, ainsi à vous que j’aime et chéris de tout mon cœur. Je n’ai eu en vue que d’exprimer un désir qui m’agite depuis longtemps et qui est relatif à ce que vous me disiez « qu'être utile à l’espèce humaine n’est aisé nulle part. » Le voici. J’irais dans tous les principaux lieux de l’Europe, former une petite
de son talent épistolaire, et ces brouillons fortement raturés, nous permettent de retrouver au moins par moments le sens de ses débris de correspondance,