Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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xvin* siècle, les fidèles et les charlatans sont mêlés à ce point, la crédulité et la corruption morale ont tant de points de contact, qu’on est autorisé presque toujours, selon qu’on est optimiste ou non, à traiter les gens d’imbéciles ou bien de fripons. Voici les fragments de la lettre, le lecteur jugera.
« Je voudrais de toute mon âme, intéressante inconnue, pouvoir vous éclairer subitement et vous dévoiler entièrement la science dans un mot, mais cela ne m’est absolument pas possible. .... Je vois chaque jour que tous les hommes sont comme le docteur ibérien dont j'ai parlé dans mon avantpropos ‘ : Ils ont des oreilles et n’entendent pas, des yeux et ne voient pas ; ils comprennent bien les sentences de l’apôtre : « Peu d'élus ! Si tu avais un grain de foi, tu transporterais les montagnes! ».... Je vois que je vous désespère et porte abattement et l’angoisse dans une âme où je croyais présenter la lumière la plus vive et les doux charmes qui en sont les délicieux fruits. Je fais cependant tout pour m’approcher de vous et vous vous en éloignez. . ... Je vous ai dit que vous sauriez la science, je vous le répète encore, maïs ce sera long. D'abord parce que c’est une science très haute et très profonde, secundo parce que vous êtes imbue d'erreurs. .... [1 faudrait que vous fussiez comme l'être qui ouvre les yeux pour la première fois et qui, recevant les rayons sans prisme qui les colore, voit la nature toute pure et recoit ses flatteuses affections avec la vive et si douce émotion que lui ôte tout l’art avec laquelle nous l'avons si fort défigurée. . ... Vous devez voir pourtant que votre terre n’est qu'un limon, qui n’a pas l'agent céleste, qui seul peut opérer les grands effets de la
ques ou polissonnes, en se disant parfaitement « vertueux ». Il y avait réellement de la foi chez Butré, si j’en juge par le nombre de ses propres élucubrations hermétiques et d’alchimie et par les manuscrits de cette catégorie conservés parmi ses livres ; laissons-lui donc le bénéfice de notre doute, si l’on juge, après lecture, que le doute est permis.
? Serait-ce dans son opuscule sur l’Objet de la Mythologie?