Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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nature. Vous aviez d’abord pensé que ce limon était le feu de Prométhée, ensuite le mélange des deux genres; mais la mixtion de toutes les matières de l’univers n’est jamais que grossière et très imparfaite. Enfin, pour vous le dire entièrement, le feu de Prométhée est une âme, oui, une âme toute entière, car elle est indivisible. Voilà le mot, il n’y en à pas d'autre; mettez-vous cela bien dans la tête, et voyez si votre limon possède ce feu céleste et fort au-dessus des plus subtils que nous apercevons dans la nature.
« Non, aucun des éléments ne contient cet agent divin de la nature. Dieu seul l'accorde à sa créature chérie. Vous voyez que j'avais fort raison, dans mes premières, de vous assurer que vous ne le connaissiez pas, Ce feu éternel, mais en vous le manifestant, je ne vous ai point dit que nous pouvions l'avoir dégagé de toutes formes, mais seulement que ces formes ne sont pas les spermes qu'il vous plaît, par je ne sais quels scrupules, d'appeler serpents. .... Notre science est purement celle de la nature; ceux qui craignent d'être ses enfants, qui ne seront jamais ceux de la corruption et de la dépravation, ne sont pas des nôtres et n’approcheront pas de nos mystères, qui sont purs parce qu'ils suivent la nature et ne la souillent pas. Si vous lisiez les livres allemands”, vous seriez beaucoup plus choquée des termes; pensez donc que nous sommes seuls dans une île et que vous ne parlez qu’à moi et qu'aucune crainte ne doit balancer notre confiance. Vous m'en témoignez beaucoup d’un côté et vous craignez de m'en montrer de l’autre. Pourriez-vous croire que celle que vous m'avez marquée par les aveux que vous voulez bien me faire puisse rien diminuer des avantages que vous possédez ?
1 Butré veut évidemment parler ici des nombreux volumes parus au xvrre et au xvrm siècle, sur les mystères de la science hermétique et la cabbale. Il ne faudrait pas conclure cependant de ce passage qu'il était en état de lire par lui-même cette littérature. S'il à jamais bien su l'allemand, ce n’est que plus tard qu’il l’a appris.