Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
DR. An
lieux, M# le margrave me pria d'y aller pour en faire le relevé, ce que j’ai exécuté dans une semaine de temps, et dès le huitième jour, j’en ai présenté l’état général à Son Altesse Sérénissime. »
Dans la suite de cette longue lettre, Butré expose en détail au marquis la situation économique de ce village, le morcellement des terres, la trop grande quantité des bêtes de labour, l’entêtement des paysans contre lesquels «le baron lutte comme un malheureux », etc. Le marquis, à son tour, répond par une série de recommandations, fortement motivées, selon son habitude, et d’un Style passablement déclamatoire. Butré s’en fit immédiatement des extraits, sans doute à l’usage du prince, puis il épanche toute sa recunnaissance dans l’épître suivante, du 2 novembre 1777 :
« Si un des grands souverains de l’Europe avait la moitié du saint zèle qui vous embrase pour l’ordre et que vous exprimez avec cette chaleur de sentiment d’une âme vivement pénétrée de la pure justice par essence, il n’y aurait certainement bientôt plus un impôt indirect en Europe, car il en extirperait jusqu’à la plus petite racine et son exemple forcerait bien vite les autres Souverains à limiter, ou leurs Etats seraient promptement dévastés. Mais le ciel, en vous donnant la force et le courage d'annoncer si fortement ses divines lois, ne vous à fait que le Messie et le promulgateur de l’ordre, sans vous conférer le pouvoir pour l'établir. Vous avez pour le coup rempli entièrement les devoirs dont il vous a: Chargé et au-delà de ce que j'aurais jamais pensé. En vous lisant, j'ai été pénétré jusqu’au fond de l’âme. Vous me chargez d’un pénible devoir, mais je le remplirai, et malgré tout ce qu’il m'en coûtera, je donnerai le tableau, si fortement coloré, que vous nous tracez, au digne prince qui est bien disposé à en faire usage.
« En attendant de pouvoir vous en dire l'effet, dont je ne doute nullement, je me hâte de vous répondre pour vous dire