Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
M. de Butré dénloyait-il toujours une éloquence pareïile dans ses relations avec le beau sexe, mêlant les considérations métaphysiques à des visées qu’on pourrait qualifier de très positives, ou réservait-il l'offre de sa personne comme confesseur intime, à des initiées plus avancées dans la « science » ? Nous l’ignorons heureusement et n'avons pas à faire des recherches délicates à ce sujet. Mais il est certain qu'il sut se mettre bien avec tout le monde dans l’entourage du margrave, et ce n’est pas sans doute, en leur parlant d'ordre naturel et de tableau économique, que le gentilhomme français de Tours ‘ charma les dames et les filles d'honneur de la margravine.* Une lettre du 18 septembre 1777, adressée au marquis de Mirabeau, nous montre Butré pénétrant de plus en plus dans l'intimité du gouvernement badois d'alors :
«..... J'étais dans des bains, à trois lieues d'ici, situés dans un vallon délicieux, avec le très cher baron, où nous avions été pour nous reposer et pouvoir conférer librement, éloignés de tout tumulte, et nous étions seuls. Après y avoir resté huit jours, la cour y est venue avec une fort petite suite et on a bien voulu que je fusse du voyage, où on a resté quinze jours.
« Dans un village, à une lieue de ce baïn, il s’est trouvé que la dîme y avait diminué, ce qui inquiétait Me le margrave, attendu qu'il leur avait fait beaucoup d’avances de bestiaux et de semences de trèfles, ce qui avait beaucoup augmenté les fourrages, la culture et les bestiaux, et par conséquent il paraissait inconcevable que la dîme y dut diminuer. On a envoyé un jeune homme de la Chambre (des domaines) pour voir d’où provenait ce déficit, et comme je me trouvais sur les
où nulle contrainte, nulle gêne, ne ferait perdre un instant de jouisSante. 4 6e » Lettre à Mme de $. A., du 19 avril 1779. ! C’est ainsi qu’on désignait alors Butré dans le public, à Carlsruhe. * On verra que la margravine elle-même se mit à l’étude de la : doctrine de Quesnay.