Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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Nous ne saurions dire autre chose sur ce que fit Butré pendant ce premier séjour à Strasbourg’; nous voyons seulement qu’il le prolongea pendant toute la durée de l'hiver, ce qui lui valut quelques reproches, fort gracieux d’ailleurs, de la souveraine du margraviat. Voici ce billet de la princesse, épouse de Charles-Frédéric, qui nous montre la digne simplicité de son caractère :
« Monsieur, n’entendant pas dire un mot de votre retour, il faut que je vous demande quand et comment vous voulez que l’on taille les meurriers que nous avons gardé sous notre conduite, c’est-à-dire : 1° ceux auprès du jardin du prince héréditaire, dont une partie a été taillée l’année précédente. 2° ceux qui bordent le canal le long du bois flotté, qui n’ont pas été taillés depuis dix ans. 3° ceux du jardin de Voguel, j'entends sa petite partie, qui y est resté et qui y restera vraisemblablement, étant plantée dans la haye du jardin, où ils ne font aucun tort par leur ombre. Louis* a été fort mal d’une fièvre cathérale (sic); il n’est pas quitte encore, mais j'espère que le plus grand danger sera passé. Sa toux est cependant encore fort opiniâtre. Et votre santé, monsieur ? Je souhaite quelle sera toujours bonne, car rien de si vray
Strasbourg, mais ils ne paraissent avoir accordé qu’une confiance médiocre à l'entrepreneur des Archives; celui-ci se plaint de ne plus rien apprendre du tout de leur part.
? Il semble y avoir entretenu aussi des relations épistolaires avec un israélite messin, fort enfoncé dans des spéculations analogues, et qui signe ses lettres cabalistiques (auxquelles nous avouons absolument ne rien comprendre) du nom de Rabbi Ischramel. Plus tard, ce personnage demeure chez M. Steinacker, apothicaire, rue Dauphine, à Paris, et la correspondance entre « le fils de la science » et le « juif-errant » (expressions d’une lettre du rabbin) se poursuit encore pendant quelque temps.
* Le futur grand-duc Louis de Bade, né en 1763, avait donc alors 17 ans.