Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
De
calcul jusqu’à l'évidence. Un pareil ouvrage a dû produire un bien sensible et ce bien sera durable.
Je ne doute pas que Monsieur le baron de Hardenberg n'ait recherché votre société. C’est un homme très-estimable, qui occupe une place distinguée dans une cour polie, instruite et vertueuse.” |
J'ai l'honneur d’être avec respect, monsieur, votre très-
humble et très-obéissant serviteur. « RAYNAL.
« Toulon, 12 janvier 1786. »
Nous savons exactement le jour et l'heure à laquelle notre touriste quitta les îlots pittoresques où il avait coulé de si doux moments. C’est M° de Beauregard qui nous l’apprend dans une lettre du samedi 4 février, qu’elle lui envoie poste restante à Lunel, et qui débute par une description de leur dernière entrevue. Se promenant sur la plage, elle voit le baron passer en voiture et l’arrête pour lui demander quand il part. Butré n’aimait pas, à ce qu’il paraît, les scènes d’adieux. Il se contente de lui répondre qu’on lui remettrait tantôt une lettre, et s'incline, sans avouer que cette entrevue serait la dernière. Mais sa perspicace correspondante n’en a pas moins deviné la fuite, elle en a été peinée et cela lui «a donné des distractions à la messe.» Après ce début, légèrement boudeur, la reconnaissance l'emporte dans l’âme de cette Ariane vertueuse si brusquement délaissée par notre philosophe. Qu’on l'écoute plutôt :
«…. Nous voudrions tous mériter vos remercîments; il ne nous reste que le regret de n’avoir pas pu vous prouver les
1 Il est bien difficile de fixer, d’après une indication si vague, la personnalité du baron de Hardenberg que Raynal cite ici. Il se pourrait qu’il fût question du futur chancelier prussien, qui avait alors 35 ans et se trouvait au service du duc de Brunswick. Mais rien ne nous permet de l’affirmer, d'autant que la « cour vertueuse » ne nous pousserait pas de ce côté.