Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

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LES PRÉCÉDENTS DU DÉCRET DU 15 MAI O1

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il atténua la formule et demanda que le roi fût prié d'envoyer aux colonies une proclamation « qui détruirait les faux bruits que des esprits inquiets ont eu la coupable témérité d'y répandre ». En même temps, il lançait une accusation et une menace, bien faites pour rendre hésitants les plus téméraires. Il accusa les Amis des Noirs de vouloir «l'abandon des colonies », et il s'écria: « Certes, les colons sont Francais ! Mais si, délaissés, dédaignés, repoussés, ils cédaient, à la vue d’un pavillon étranger, au sentiment si naturel de leur conservation, à qui faudrait-il s'en prendre? »

A toute cette agitation, la Constituante n’opposa qu'une décision négative. Elle refusa, le 26 novembre, de créer le Comité colonial demandé par les colons eux-mêmes. Certains affectèrent de prendre ce refus pour une adhésion tacite à la thèse des blancs !: l'Assemblée aurait ainsi marqué son intention de remettre le pouvoir constituant aux colons dans les colonies. L'Assemblée, nous l'avons vu?, avait simplement voulu laisser entière la question coloniale, dans l'intention de s’en occuper plus à loisir : ce n'était qu'un moyen dilatoire pour écarter l'obsédante question des noirs.

Mais elle n'échappa pas aux sollicitations du dehors. De fréquentes adresses reprirent la cause différée. Le 5 janvier 17903, 200 électeurs de la sénéchaussée de Bordeaux demandent « qu’il soit

1. Cocherel, Discours du 29 décembre ; — Arch. parlem., XI, 40.

+2. N. chap.

3. Arch. parlem., XI, 105 ; Proc.-verb., n° 461, p. 16-24, t. XI, texte,