Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

226 L'ÉTAT DES PERSONNES

vint réduire l'écho à sa valeur !, et La Rochefoucauld, président du Comité, put monter à la tribune et s’écrier avec vérité : « Maury a voulu influencer l’Assemblée! Le fait signalé doit seulement engager à vider la question pendante le plus promptement possible à l'avantage de la justice. »

Elle fut vidée, en effet, le jour même, 15 mai, dans une séance du soir. Mais elle le fut, on peut le dire, par surprise. Au décret primitif des Comités, ajourné le 7 mai, Grégoire avait opposé, le 11, un autre décret comprenant explicitement dans l’article 4 de l'instruction du 28 mars, les hommes de couleur et nègres libres, propriétaires et contribuables. Quand la discussion générale fut close, le 12 mai, les deux partis semblèrent abandonner leur texte. Démeunier atténua celui des Comités en réservant à l’Assemblée nationale la dernière décision, quel que fût le vœu de l’Assemblée de Saint-Martin ; Barnave lui-même accepta l'amendement Monneron, qui dispensait les colonies au-delà du Cap de l'épreuve projetée. Les Amis des Noirs, de leur côté, demandèrent la question préalable, c'est-à-dire le rejet pur et simple de tout le décret. Sur ce premier point, qui semblait emporter le reste, ils furent battus par 398 voix contre 276°. Mais ils reprirent leurs

1. L'ambassadeur La Luzerne avait écrit: qu'aux armateurs demandant s'ils pouvaient continuer leurs spéculations dans les mers du Nord, Pitt aurait répondu qu'ils le pouvaient, parce que « les armements se faisaient avec activité, ainsi que la presse des matelots ».

2. V. àl'Appendice la liste des votants, donnée par les Archives parlementaires. Elle n'est pas authentique et a été empruntée à