Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA GUERRE CIVILE A SAINT-DOMINGUE 243

désignées pour aller tenir garnison aux Cayes; elle donne l'exemple aux autres municipalités d’usurpations de pouvoir, telles que la nomination aux emplois royaux et l'administration des caisses publiques. « Par suite de ces désordres, écrit le gouverneur, les impôts ne rentrent pas, les affaires sont suspendues, les bateaux sont arrêtés, et, par conséquence, les droits d'octroi, qui sont les principales ressources de la richesse publique, ne sont pas perçus. » En somme, deux partis sont en présence jusqu'au 1° juillet 1791 : « L'un qui veut exécuter intégralement les décrets nationaux : l’autre qui tient toujours pour les doctrines de l’Assemblée de Saint-Marc el qui a pour organes le Moniteur colonial et le Courrier national ; ce dernier parti domine partout, sauf au Cap, où domine l’Assemblée provinciale, appuyée de la force publique !.

La situation n'est pourtant pas aussi compromise qu'elle le paraît. De Blanchelande lui-même le reconnait. « Le nombre des paroisses, dit-il ?, qui semblent donner cette maorité (hostile) n’est pas ce qu'il faut voir. La plupart des dissidentes ne sont représentées à ce moment que par un très petit nombre de citoyens, dont beaucoup non actifs, employant des étrangers, des gens sans aveu et sans élat, tandis que la plupart des propriélaires aisés, occupés à leurs ateliers ou à leurs affaires, préférant leur intérêt présent au tumulte

1. Mém. justificatif, — Arch. nation., Dxxv, 46. 2, Tbid.