Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

244 L'ÉTAT DES PERSONNES

fatigant des assemblées de paroisses, se retirent chez eux etne paraissent Jamais à ces assemblées. » Si le gouverneur dit vrai, ces sages abstentionnistes ne devaient-ils pas se retrouver, quand leur intérêt serait en jeu ?

Ils se retrouvèrent, en effet ; mais on ne sul pas les utiliser. Quand arriva, le 30 juin, la nouvelle du décret du 15 mai, de Blanchelande prit aussitôt parti et écrivit au ministre que tout était perdu si l'on exigeait l'exécution. IL parlait le langage de l’Assemblée du Cap, à qui il avait communiqué sa dépêche. Il ‘donnait les raisons mêmes que Cocherel, Gouy d’Arsy, Moreau de Saint-Méry, Barnave et Maury avaient portées à la tribune. La menace des Anglais y était exagérée en ces termes : « Les mêmes lettres annoncent que l'Angleterre à un armement de 45 vaisseaux, el ma plume se refuse à vous rendre les discours ef peutêtre les vœux que cette circonstance fait naître 5) N'y a-t-il là qu'une singulière coïncidence ? N'y peut-on voir la preuve que l'opinion aux colonies était dictée par la société de l'hôtel Massiac, que les énergumènes de Paris faisaient taire les gens sages de l’île et que le décret du 15 mai avait été communiqué, avec des instructions secrètes, dans un but d'insurrection ?

Il se forma deux centres d'opposition contre le décret : le Cap, où s’est réfugié de Blanchelande, et Port-au-Prince qu'il a déserté. Une assemblée provinciale de l'Ouest se réunit à Port-au-Prince,

1. Lettre du 3 juillet; — Arch. nation., Dxxv, 46.