Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA GUERRE CIVILE A SAINT-DOMINGUE 249

plusieurs noirs, une sorte de carte d'affiliation portant le mot d'ordre des révoltés, et ce mot d'ordre était : « Vive le roi! ! » L'Assemblée coloniale, elle-même?, est forcée de faire cet aveu : « Nous avons accusé la philanthropie et cependant les noirs portent la cocarde blanche ; leur cri de ralliement est « gens du roi », et ils ne veulent conférer qu'avec des commandants miliaires. S'il n'y a pas contradiction, il y a au moins quelque chose d’inexplicable ». Un important témoignage recueilli par la municipalité de Jacmel, le 30 mai 1792*, laisse entendre que « quatre agents sont venus de France pour former la conspiration contre la colonie, qu'ils ont poussé les noirs aux violences sur les indications de M. de Coustard, chef du parti des Pompons blancs, et que leur projet était de rétablir l’ancien régime ».

Ces agents, au lieu d’être des Amis des Noirs, ne seraient-ils pas plus vraisemblablement -ces émigrants qui, aussitôt après la fuite du roi, se sont embarqués à La Rochelle, et dont Brissot mal informé niait honnêtement la présence parmi les

1. C'était un papier plié en quatre : à gauche, lettres moulées M. D. M. ; à droite, les mots : « Le préjugé vaincu, la verge de fer brisée, vive le roi! »; à gauche, en bas, lettres majuscules : J. B.: à droite, en bas, lettres majuscules: M. N., entrelacées et

surmontées d’un cœur. — Pièce communiquée à la Législative par les Jacobins de Bordeaux (Arch. parlem., séance du 20 novembre 1191, XXXV, 259). — Les initiales signifient sans doute :

Mulätres, Noirs, Domingue, Jean (Francois), Biassou.

2. Mém. contre Blanchelande du 26 septembre 1792; — Arch. nation., Dxxv, 46.

3. Témoignage de la femme de Vissière, capitaine général des noirs libres de Jacmel (Arch. nation., Dxxv, 1).