Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA GUERRE CIVILE A SAINT-DOMINGUE 253

mit en état de défense l’île de la Tortue, et l’on surveilla la côte. Cela fait, on envoya demander des secours au commandant de la partie espagnole, à la Jamaïque et aux Etats-Unis; certains même prétendent que, dès le 16 août, fut portée à la Jamaïque cette louche et humiliante requête !,

Une offensive prompte et énergique contre les révoltés n’eût-elle pas mieux valu que toute cette défensive? Elle eût du moins empêché la concentration de l’ennemi. De Blanchelande la voulait faire, s’il faut l'en croire, et en fut empêché par les Assemblées. Le 13, les capitaines Vallerot et Dubisson prennent contact à Port-Margot el tuent quelques centaines de « brigands ». De Blanchelande n’est pas sorti de la ville : il en est encore à projeter d'aller camper au Haut du Cap, en ralliant de Rouvray. Le 25, il a pris la campagne, mais non commencé l’action. C’est le 27 seulement, un mois et demi après la première révolte, qu'il commence l'attaque. Il marche contre les habitations d’Agoust et Galliffet, où les noirs ont leur quartier général, et ils'en empare sans peine. Il prend 8 pièces de canon, fait 100 prisonniers, tue 500 hommes; il s'assure, en outre, par des lettres interceptées, que l'ennemi est aux abois et manque de munitions. Néanmoins, il s’en tient là et ne poursuit même pas les fuyards?.

D'où vient une telle mollesse, quand il fallait

1. Brissot, séance du 1* décembre 1291; — Arch. parlem., XXXV, 473.

2. Cf. Correspondance de Blanchelande avec le ministre; Arch. nation., Dxxv, 46. Lettres des 2, 13, 14, 25, 29 septembre.