Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

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254 L'ÉTAT DES PERSONNES

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tant de décision? C'est que le gouverneur, incapable ou complice, a complètement abdiqué ses pouvoirs entre les mains des Assemblées. C’est l’Assemblée générale qui « prie » le gouverneur d'organiser la défense; c'est elle qui décide, le 24 août, de demander des secours aux puissances, en se réservant d'intervenir dans les négociations; elle se déclare en permanence et arbore l’écharpe noire ; elle met l'embargo sur tous les navires en rade et confisque l’argent qui se trouve à bord; elle augmente les droits de sortie sur les sucres et cafés ; elle interdit de débarquer tout immigrant qui n’est pas propriétaire dans l’île. De Blanchelande, docilement, approuve et sanctionne tout; il soumet à la censure de ses maîtres la proclamation qu'il voulait adresser aux révoltés! ; il les laisse former des armées et dicter un plan de campagne. Et ce plan, quel est-il? Garder dans la ville du Cap les 3.000 combattants dont on dispose, pour tenir en respect les petits blancs et les noirs |

Quel contraste entre cette politique égoïste el lâche et le dévouement spontané des mulâtres!

41. Voici le texte de cette curieuse proclamation (Arch. parlem., XXXIV, 696) : « … Que signifie l'étendard de la nation dont vous osez faire l'étendard de la révolte? Que signifient les noms d'amis du roi, ces cris de : Vive le roi? Malheureux, vous êtes les plus cruels ennemis de ce bon roi. Je suis son représentant, et je vous ordonne, de par le roi, de vous jeter à sa miséricorde et de mériter,en mettant sur-le-champ bas les armes, le pardon de ce bon roi et celui de vos maitres, auxquels il vous ordonne de vous soumettre. Si vous obéissez, il ne vous sera rien fait... Si vous persistez, tremblez, malheureux, plus de grâce pour vous !.. J'attends réponse sous trois jours. »