Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LA GUERRE CIVILE A SAINT-DOMINGUE 259

qui lui assurait des troupes dont il avait expérimenté la valeur, il ne cessait, dans ses dépêches, d’incriminer le décret du 15 mai, et il recevait avec honneur les trois frégates anglaises amenées au Cap par le commodore Asslight!. En même temps, il adressait aux mulâtres du Mirebalais une proclamation, qui est un monument d'hypocrisie et de maladresse. Ce grand adversaire du décret du 15 mai veut faire l’apologie de l'arrêté du 20 septembre, qui est l'honneur de l’Assemblée générale: « C'est précisément selon ma manière de voir, dit-il, en vue de protester en quelque sorte contre toutes les démarches qui ont pu être faites pour demander la révocation du décret du 15 mai, que l'Assemblée générale dit, dans son premier article qu'elle ne s’opposera pas à l'exécution de cette loi, el, par l’article 2, elle se propose d'améliorer le sort des citoyens de couleur qui, n’y étant pas compris, se trouvent exclus du bénéfice d’icelle. » Mais il ne lui est pas possible, affirme-{-il, de promulguer un décret qu'il n’a pas recu; et il termine sur un ton paternel: « Prenez patience, mes bons amis, point d’animosité, point de passion?! » De passion, il n'y en avait pas trace dans le Concordat. Mais comment la patience n’aurait-elle pas échappé aux mulâtres, qui, depuis deux ans, attendent la reconnaissance de leurs droits, à qui, depuis quatre mois, on refuse la promulgation de la loi qui les consacre, qui voient enfin le gou-

1. Lettres au ministre, déjà citées. 2. Arch. nation., Dxxv, 46.