Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

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Les autres colonies, heureusement, furent moins bouleversées que Saint-Domingue. Elles ne connurent pas tout de suite la guerre servile, et les mulâtres, moins nombreux, furent moins pressans. A la Martinique, les mulâtres, planteurs endetlés comme les blancs, détestaient, comme eux, leurs créanciers de Saint-Pierre. Ils s'étaient enrôlés sous la bannière de l’Assemblée coloniale et avaient pris une part active au siège de 1790. Ils ne comprirent pas que, dans cette lutte, la ville défendait la Révolution, à eux-mêmes si favorable, et ils applaudirent aux rigueurs que le comte de Behague exerça contre les patriotes. Quand ceux-ci déclarèrent qu'ils acceptaient le décret du 15 mai f, ils ne s’en émurent pas. [ls ne prendront conscience de leurs droits que longtemps après, lorsque l'Assemblée coloniale, maintenue par le décret du

1. Voir les discours de Crassous et Dugommier, délégués de Saint-Pierre, séance du 7 décembre 1791 (Arch. parlem., XXXV, 623) ; cf. la correspondance de Behague et des commissaires civils et les rapports de ceux-ci sur le rétablissement de l'ordre à la Martinique, de avril à octobre 1791; — Arch. nation., Dxxv, 446, 2e et 3° L.