Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES AUTRES COLONIES 263

28 septembre, repoussera la loi du 15 mai et le Concordat. Mais déjà l’intrigant Behague les aura comme enlacés dans son complot royaliste, et ils auront à revendiquer tout ensemble leurs droits civiques et leur qualité de Français.

Il en fut de même à la Guadeloupe et îles dépendantes, où pourtant l'agitation commença dès le mois de septembre. Les adversaires de la Révolution et de l'égalité des mulâtres provoquèrent euxmêmes la lutte, tout en déguisant leurs menées. Prenant prétexte d'un complot d'esclaves à SainteAnne, et voulant, dirent-ils, «prévenir les horribles malheurs qui viennent de ruiner la plus belle partie de la plus riche colonie de la France! » , ils organisèrent des fédérations de quartier. L’Assemblée coloniale, déjà résistante au décret du 15 mai, favorisa le mouvement, bien qu'illégal, et le consacra par une fête de fédération générale, fixée au 15 septembre. Mais les municipalités de BasseTerre, de Fort-Royal et de Sainte-Lucie protestèrent et voulurent résister. On en vint aux mains, et comme toujours, la troupe s'y mêla. Tandis qu'à Pointe-à-Pitre les grenadiers du 14° régiment se retranchent dans le fort, où ils sont d’ailleurs bientôt forcés et faits prisonniers, les patriotes et le régiment d’Aunis s'emparent du Morne Fortuné à Tabago et y tiennent captifle gouverneur. Behague songe alors à faire enlever les municipalités et en donne l'ordre à la frégate /’Embuscade, capi-

4. Lettre des Députés de la Guadeloupe, séance du 3 décembre 1791 (Arch. parlem., XXXV, 552).