Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale
LES CAHIERS DE 1789 39
sur aucun point du territoire, ne laisse échapper un mot de blâme contre les colonies. Beaucoup, ilest vrai, n'en parlent pas; mais des 323 qui ont touché plus ou moins aux choses coloniales !, pas un ne semble avoir connu les réprobations prononcées par Montesquieu, Voltaire, Diderot et quelques autres philosophes*, contre la possession de domaines lointains. Le cahier de Nemours?, rédigé par Du Pont, un physiocrate qui passe à tort pour un anticolonial, blâme beaucoup de choses dans le régime imposé par ou pour les colonies, mais non les colonies elles-mêmes. Les cahiers, au contraire, qui donnent incidemment un avis sur le principe des possessions coloniales, expriment nettement l'idée, qui a élé depuis Henri IV et sera pendant la Révolution répétée à satiété, que sans colonies il n’est pas de commerce, etsans commerce, pas de marine ni de défense. C'est assurément un honneur, pour celte génération, surmenée d’a-priori, d'avoir en cette matière établi son jugement sur l'expérience. Elle nous en donnera, n'en déplaise à ses détracteurs, beaucoup d’autres exemples.
Mais si aucun cahier n'attaque le principe, beau-
4. Nous avons obtenu ce chiffre par le dénombrement suivant: 1° compagnies, privilèges et monopoles, 154 cahiers; 2° arrêt de 1784, 24; 3° administration des colonies, 4; 4° ports francs, 18; 5° esclavage, 34; 6° traite, 10; T° dettes des colons, productions coloniales, 12; 8° traité avec l'Angleterre, 41; 9° représentation des colonies, 17; 10° participation au commerce des colonies, 3; total 283.
2, Cf. notre Histoire de la Question coloniale, p.296-306.
3. Arch. parlem:, IV, 112-228: