Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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moins qu'on n’ordonnât qu’ils seraient acquittés à bureau ouvert.

Je reprends l'affaire de Saint-Domingue, sur laquelle je n’ai fait qu’une partie des réflexions que je me proposais de vous communiquer, lorsque j'ai été interrompu. Les deux partis se prétendent patriotes; les deux partis prétendent être les plus forts et avoir la majorité; les deux partis se reprochent la fusillade et le massacre du Portau-Prince. Il paraît étonnant que le parti protégé par les agents du pouvoir exécutif, dont quelques-uns sont accusés d’avoir des liaisons dans la maison d’Artois, d’avoir voyagé à Turin, etc., soit le meilleur; cependant, si l'assemblée coloniale était patriote serait-elle ici soutenue par les zo1rs? Si ses partisans étaient les plus nombreux, se serait-elle embarquée? Cette assemblée voulait bien reconnaître le roi de France : maïs elle ne voulait pas de relations avec l'Assemblée nationale. Elle voulait être alliée et non membre de l'État. Il a été un moment où c'était un problème en France, si les colonies devaient être regardées comme parties intégrantes de la monarchie, ou si on devait leur laisser un régime tel qu'elles ne fussent unies à la mère patrie que par une confédération. Ce problème a été résolu; les députés des colonies ont été reçus à l’Assemblée nationale; il estresté démontré que l’intérêt de la France était qu’elles fussent sur le pied d’une province et non d’un comtat. L’esclavage des nègres a été la seule occasion dont se sont servis quelques possesseurs de grandes habitations pour fomenter à Saint-Domingue la prétention à l’indépendance. (Arch. Bernay). à

CXXVIII — Aux mêmes. Paris, le 2 octobre 1790.

Permettez que je réunisse mes remerciements à ceux de mon frère pour les témoignages honorables de con-