Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (2 OCTOBRE 1700) 233

fiance que vous lui avez donnés: il est heureux d’avoir pu les mériter et d’avoir pu y répondre (1). La jalousie, investie de tous les traîts de la calomnie,n’altérera point chez lui le sentiment vertueux du plaisir qu’on éprouve quand on a servi son pays dans des places qu'on n’a point ambitionnées, dont on n’a rempli les fonctions qu’autant qu’on y était appelé par le vœu de ses concitoyens. Si mon frère a continué les travaux attachés à la place de maire, après vous avoir donné sa démission (2), c’est que vos désirs lui traçaient un nouveau devoir à remplir. Vous inspirerez toujours au chef de votre municipalité la sagesse, la prudence et le patriotisme qui ont entretenu la paix dans votre ville et qui vous ont rendu les pacificateurs de toute votre contrée. L'esprit qui anime votre assemblée est trop connu pour qu’on n'espère pas que rien ne l’altérera jamais.

. J'ai l'honneur de vous adresser le Pppor de l’affaire de la procédure du Châtelet : elle vient d’être jugée. Après le rapport, la discussion a été courte. Hier, M. de Bonnay (3) voulut faire l'oraison funébre des gardes du corps : elle provoqua de faibles applaudissements et des huées vigoureuses. Il trouva que le rapport était un modèle de plaidoyer en faveur de grands criminels. M. de Mirabeau l'interpella de donner les preuves qu’il avait, dans sa conscience et dans son esprit, de l'existence

(1) Robert Lindet avait été nommé procureur syndic du district, le 1e" juillet 1790. Ces fonctions étaient incompatibles avec celles de maire de la ville.

(2) Thomas Lindet répond ici à la lettre du 29 septembre que lui avaient adressée les officiers municipaux de Bernay : « Nous avons différé, lui disaient-ils, le plus qu'il nous a été possible, les nouvelles élections, mais elles sont devenues indispensables. Vous n'ignorez pas probablement que des ennemis du bien public se sont fait un prétexte de notre retard pour calomnier M. votre frère, qu'ils inculpaient de vouloir accaparer toutes les places. Dans notre opinion, nous lui Ôterons le titre, mais lui conserverons les fonctions de maire. » (Arch. Bernay.)

(3) Bonnay (Charles-François, marquis de), député de la noblesse de Nevers. Le Moniteur, réimpression, VI, 26, donne un résumé de son discours .