Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (27 NOVEMBRE 1790) 243

lettre ne peut être celle d’un homme équivoque. La nomination de M. Duport du Tertre a été singulièrement applaudie; sa lettre de même : c’est une nouvelle sanction des décrets qui établissent l’égalité des hommes et qui attribuent au mérite seul le droit d’aspirer aux places.

Le dernier animal immonde sorti des étables d'Augias est remplacé par M. Pastoret, avantageusement connu par quelques ouvrages de législation ; sa nomination n’est pas encore connue officiellement, non plus que la retraite du sieur Guignard.

Voilà d’étranges changements. L'aristocratie dont l’insolence était vraiment menaçante, il y a un mois, porte aujourd’hui l'oreille basse. Ses actions perdent furieusement sur la place. Néanmoins l’épiscopat, au désespoir, proteste et publie ses protestations contre la constitution civile du clergé. On m'’avertit que M. Ferron (:) fit mettre hier à la diligence un paquet d’imprimés, suivant les apparences, fortincendiaires, qu’il adresse à ses ci-devant diocésains. Ses laquais en étaienteffrayés, et ils l’'auraient dénoncé à la municipalité de Paris, s’ils avaient eu un exemplaire de cet écrit. La municipalité de Lisieux ne voudra pas demeurer en arrière : voilà un combat qui s’engage à outrance; la charité pastorale n’obtiendra pas un beau triomphe. (Arch. Bernay.)

CXKXXVII.—Aux mêmes.Paris,le 27 novembrer700.

Messieurs, rien de plus attendrissant que la scène de M. Duport-Dutertre (2) arrivant à l'Hôtel de ville au moment où la municipalité délibérait pour députer vers

(1) Jules-Basile Ferron de la Ferronays, évêque insermenté de Lisieux. (2) Dans un post-scriptum à sa lettre à Robert Lindet, datée du 22 novembre (voir plus haut, n° CXXXVI.) Th. Lindet s'exprime ainsi sur Duport : « M. Duport-Dutertre, ci-devant logé à un quatrième, va occuper la chancellerie; d'avocat devenu lieutenant du maire de la municipalité de Paris,