Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (1° DÉCEMBRE 1700) 245

Le Brabant sera forcé de se soumettre ; mais l’Empereur, qui n'aime pas la guerre, las de la faire à ses sujets, voudra-t-il l'entreprendre contre nous? Ces armées formidables dont on fait peur sont un peu fantastiques : l'exagération avait ainsi multiplié les flottes anglaises. Tout va être en paix, excepté le clergé, auquel son obstination peut préparer une espèce de persécution, qui exposera quelquefois les ecclésiastiques les plus dévoués à leur patrie à être regardés comme des personnes suspectes.

L’Assemblée à adopté des mesures sévères pour venir à bout de la résistance du clergé (1). (Arch. Bernay.)

CXXXIX. — À R. Lindet. Le 1* décembre 1790.

Mon frère, vous plaignez sans doute ces bons prélats qui, huit jours après avoir signé, imprimé, publié, distribué, envoyé leur Exposition (2), par laquelle ils déclarent qu’ils ne peuvent, ne doivent ni ne veulent se soumettre à la constitution civile du clergé, vont jurer solennellement de s’y soumettre, car il ne faut pas croire que ces bons apôtres veuillent être martyrs ou confesseurs et perdre leurs 20 ou 30.000 livres. Les distinctions jésuitiques ne seront pas de mise en la circonstance.

Le roi, dit-on, veut venir au secours de nos prélats. On croit qu’il viendra à l’Assemblée annoncer la sanction du

(1) Th. Lindet avait envoyé cette lettre datée du 27, à son frère, en le priant de la remettre à la municipalité. Il lui écrivait en même temps une lettre personnelle d'où j'extrais les lignes suvantes : « Je ne comprends pas l’obstination du clergé lorsqu'il voit sa déroute complète. Le système de la Cour a changé, la noblesse regarde la cause du clergé comme désespérée. Le clergé lui-même emporte le même jugement : il veut mourir avec fracas; il espère seulement favoriser la noblesse, à la résurrection de laquelle il y a tant de croyants et tant d'incrédules. » (Papiers R. Lindet.)

(2) Exposition des principes sur la constitution du clergé, par les évêques députés à l'Assemblée nationale. S. 1. n. d. (30 octobre 1790), in-8. Bibl. nat., Ld', 3090.