Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

258 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Le retard avait été occasionné par quelques dispositions relatives au mode d'élection aux bénéfices vacants. Il fallait avoir des évêques avant de renvoyer les curés dissidents et d'en nommer d’autres qui n'auraient pu s'adresser à leur évêque aux termes du décret.

L'évêque d'Orléans a prêté le serment très solennellement; on parle de plusieurs autres. Ainsi l’épiscopat ne manquera pas en France, comme on se plaisait à nous en menacer. Plusieurs évêques de l’Assemblée sont partis ; on croit que quelques-uns courent dans leur diocèse pour s'y trouver dans le temps utile.

La querelle occasionnée à la Chapelle-Saint-Denis pour fait de contrebande est imputée au club des Amis de la Constitution monarchique. Ce matin, M. de ClermontTonnerre, fondateur de cette société, a vu sa maison investie. On a prévenu la répétition de l’aventure de l'hôtel de Castries. On assure que les chasseurs arrêtés, pour le tumulte de la Chapelle, ont avoué qu'ils avaient reçu de l’argent pour exciter du désordre.

On m'assure que le département de la Seine-Inférieure veut donner le premier exemple des élections en place des évêques et que l’assemblée électorale est convoquée pour dimanche.

La passion aristocratique de nos évêques, le refus de nos émigrés de rentrer dans le royaume, les petites agitations, les nuées de libelles qui couvrent la France annoncent bien que les ennemis de la Révolution n’ont pas renoncé à tout espoir, à toute mauvaise volonté : il paraît bien certain qu'ils ne trouveront guère de prosélytes. [IL leur donne ensuite le détail d’un projet qu’il a conçu, pour hâter la démolition du moulin de Sainte-Croix si préjudiciable à la ville de Bernay.] (Arch. Bernay.)