Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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nous menacent ont été évalués par M. de Mirabeau, d'une manière fort rassurante. L'Assemblée vient de décréter ja distribution de 100,000 fusils aux gardes nationales : 250,000 resteront dans les arsenaux pour le rechange en cas de guerre. Le roi est prêt de porter au complet l’infanterie, la cavalerie, et l’armée de ligne qui occupera les départements frontières, et de les garnir d'artillerie, tentes, et de toutes les munitions nécessaires pour une guerre défensive. Une deuxième armée auxiliaire formera 100,000 hommes. La gendarmerie nationale et les volontaires des gardes nationales offriront encore une masse imposante. Cela sert de réponse à nos aristocrates et à leurs protections prétendues.

[11 leur donne ensuite, sur leur demande, connaissance des objets du culte : ostensoir, exposition, sièges, tapis, qu'il serait heureux de voir la fabrique de Sainte-Croix acheter dans la vente du mobilier des moines de l’abbaye de Bernay. Il con-

tinue sa lettre en ces termes :|

Je suis fâché, mais non étonné, de ce que vous me faites l'honneur de m'écrire relativement aux dispositions des directeurs des religieuses et des religieuses elles-mêmes ou demi-religieuses. Je souhaite que vous parveniez à les convertir ou à les contenir.

Les ecclésiastiques destinés à ces fonctions par nos prélats étaient d'ordinaire des gens bornés, des âmes serviles, qui cherchaient des aventures pour faire penser à eux, et qui soupiraient après Îles grâces et les bénédictions du Seigneur. Ils sont persuadés que la résistance aux lois, dont ils ne connaissent point la justice, leur rendra la haute protection de ceux devant lesquels ils rampaient, et, en tout cas, ils espèrent qu'ils figureront dans les légendes de quelque pieux radoteur, s’il s’en trouve encore de nos jours. Ils sont soutenus dans leur opiniâtreté par les mêmes religieuses auxquelles ils ont tant recommandé l’obéissance passive, qu’enfin elles