Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (29 JANVIER 1791) 261

exigent d'eux l'exemple de l'aveugle soumission aux supérieurs spirituels. Il semble que plus on affecte de soumission à la puissance spirituelle, plus on réclame l’indépendance de la puissance temporelle; plus on parle de l'humilité devant Dieu, plus on s'enorgueillit devant les hommes; plus on affecte la pauvreté et le détachement des biens du monde, plus on veut les posséder : c’est apparemment pour en éviter aux autres les embarras et les dangers.

Les femmes qui ont choisi le ciel pour partage croient que la terre doit être étonnée de ce qu’elles veulent bien s’abaisser à lui rendre quelques services; mais il faut avouer qu'en général-on serait servi beaucoup mieux par les gens d’ici-bas.

Une communauté forme une espèce de petite république : chacune aspire à commander et à s'affranchir de l'autorité présente, en réclamant une autorité éloignée. Toutes les imaginations y forment des systèmes de gouvernement, et, ne pouvant se gouverner elles-mêmes, elles veulent gouverner le monde.

Les chefs ambitieux ou fanatiques de ces corps électrisent tous les membres disséminés dans un vaste État, et prétendent donner à l'instant une commotion générale. Ces individus doivent d'autant plus être surveillés qu'ils approchent plus de la classe des citoyens la moins instruite, qu'ils menacent souvent de refuser leur service à des gens qui n’en peuvent obtenir d’autres, qu’ils approchent encore d’une classe de citoyens plus aisée, mais plus faible et plus tranquille, et qu'ils s'insinuent dans les esprits par l’empressement, l’assiduité et la loquacité, de manière à gagner la confiance et un certain ascendant qui leur assure quelquefois une puissante protection pour empêcher de réformer les abus.

Je doute que l’Assemblée nationale puisse régler et organiser entièrement ce qui concerne l'éducation et les secours; mais ce que je crois, c’est que les congtégations