Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (7 FÉVRIER 1791) 265

sion à la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par lé roi. Je renouvelle entre leurs mains le serment de la maintenir de tout mon pouvoir. Je déclare que je regarde comme légitimes et conformes à l'esprit de la religion les élections faites selon le décret sur la Constitution civile du clergé; je déclare que je regarde comme déchus de leurs emplois ceux que la loi civile rend inhabiles à les posséder.

Après cette déclaration franche et loyale, je crois que les ennemis de la Constitution ne tireront aucune induction fâcheuse du remerciement et de ia démission que je fais, et que les amis de la Constitution se féliciteront de ce que, n’ayant pas choisi un homme qui eût assez de force, de talents et de vertus pour être élevé à l’épiscopat, ils ont du moins porté leurs vues sur un homme assez honnête pour se faire justice lui-même, en abdiquant cet emploi dont il ne se jugeait pas digne.

I1 me semble qu’il ne peut résulter rien que d’avantageux pour le nouvel ordre de choses, de ce que les plus zélés partisans de la réforme du clergé prouveront d’une manière irrémissible que des spéculations d’ambition ou d'intérêt n’ont point dirigé leur opinion.

Lorsqu'un serviteur sent ses forces décroître, il ne doit pas chercher de nouveaux maîtres, ou il perd le droit qu'ilavait acquis à l’indulgence des premiers : je compte sur celle de mes concitoyens. Je la réclamerai avec confiance, et je bénirai le moment où il me sera permis de me réunir à eux.

Priez messieurs les électeurs de permettre que vous déposiez la présente lettre sur leur bureau, et de la regarder comme elle est effectivement, une renonciation entière de ma part au droit résultant de leur élection, et la preuve la plus assurée de mon respect et de ma reconnaissance.

Si vous n'allez pas à Evreux. priez quelqu'un des électeurs de Bernay de se charger de ma lettre et d’en faire l'usage que je vous ai recommandé. (Papiers R. Lindet.)