Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (20 FÉVRIER 1791) 267

pris la peine de le vérifier depuis mon retour. Je crois que ce décret résoudra la question sans moi.

Je retrouve en arrivant les patriotes, l'oreille basse, et les aristocrates relevant la crête. Le sourire de ces genslà annonce toujours un dessein bien ou mal concerté; ils se nourrissent encore d’un espoir prochain. (Papiers R. Lindet.)

CLVII. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 20 février 1701.

Messieurs et chers concitoyens, je suis arrivé assez à propos pour concourir à l’abolition des entrées (1).Ce décret, vigoureusement combattu par ceux qui avaient envie d'entretenir une semence de discorde et d’insurrection, va enfin rendre la paix dans tout le royaume, et faciliter aux municipalités les moyens d'entretenir l’ordre dans les villes. Le droit de patentes remplacera les entrées, les aides et les maîtrises.

Si j'ai eu le courage d’accepter la place à laquelle vos vœux m'ont porté, je vous avoue que vous m'aviez mis dans une position telle que mes regrets surpassent ma reconnaissance. Les marques de bonté et d’attachement que les citoyens de Bernay m'ont données dans cette occasion, ne me permettront jamais d'oublier le bonheur dont j’espérais continuer de jouir au milieu d'eux. Bien des motifs me pressaient d'accompagner MM. les électeurs dans leur retour à Bernay. Parmi les raisons qui m'en ont empêché, je ne puis vous dissimuler que j'ai principalement été déterminé par la sensibilité vive et profonde qu'aurait trop fortement excitée le spectacle de tant de frères et d’amis dont il fallait me séparer. Du moins mes concitoyens voudront bien me con-

(1) Le 19 février 1791, l'Assemblée nationale avait décrété que tous les impôts perçus à l'entrée des villes, bourgs et villages, seraient supprimés à compter du 1° mai suivant.