Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

268 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

server ces titres précieux, et je leur prouverai que leur frère et leur ami n’est pas loin d'eux, que son cœur et ses affections le rendront toujours présent au milieu d’eux, et qu’il y sera réellement le plus souvent qu’il lui sera possible. Dans le trouble et la tristesse où je suis, je ne puis que vous prier de partager avec tous vos concitoyens l'assurance de mon éternel attachement. Je n'aurais point fait le sacrifice du bonheur que j'espérais retrouver parmi eux, si je n’eusse pensé que les ennemis du bien public se prévaudraient de mon refus pour semer des défiances, et qu’ils diraient que la Constitution n’est pas solide, puisque ceux qui y ont concouru n’osaient s’exposer dans les places qui seront les plus fortement attaquées. J'ai toujours désiré exister un peu pour moi; cela ne me sera jamais permis, quoique j’eusse souhaité qu'un autre portât le fardeau. Cependant, dans cette circonstance comme dans toutes les autres de ma vie, je prouverai mon dévouement entier à ceux qui ont cru que je puis concourir à leur bonheur. J'étais le pasteur d’une partie des habitants de Bernay : je serai celui de tous, et celui d’un département entier. La confiance dont m'a honoré une paroisse assez nombreuse peut-elle me garantir celle d'un vaste diocèse, dans un moment de déchirement qu'éprouve l'Église, par les mauvaises intentions de quelques-uns de ses ministres et par la séduction des autres ?

J'ai l'honneur d'être, avec attendrissement, et [l’espérance] que vous aimerez, je crois, Messieurs, chers concitoyens et amis, Votre très humble et très obéissant serviteur, LINDET, encore votre curé et bientôt votre évêque. (Arch. Bernay.)

CLVIII. — À R. Lindet. Le 21 février 1701.

Mon frère, enfin la glace est rompue. Hier deux nouveaux évêques, celui de Quimper et celui de Soissons, ont