Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (12 JUILLET 1701) 295

ceux qui disaient qu’ils ont reçu de lui de pleins pouvoirs de débaucher nos troupes? N'’a-t-il pas déclaré de nouveau, dans une missive, qu'il n’avait eu d’autre projet dans son voyage que d'aller à Montmédy, et d’y faire luimême à l’Assemblée nationale des représentations qu'il croyait nécessaires, sur les difficultés que présente l’exécution des lois en l'administration du royaume ? I] paraîtra toujours un peu singulier qu’il allât à Montmédy, tout exprès pour faire des représentations à l’Assemblée nationale. Les Parisiens n'aiment pas ces représentations, et les Comités, qui prétendent se mieux connaître en diplomatique, s’attireront de violents orages. Si les z07rs étaient partis, — ce qui serait arrivé, s’ils avaient osé, — ils se seraient trouvés remplacés, et nous aurions deux sections aussi acharnées l’une contre l’autre. C’est justement pour éviter la tournure que vous imaginez qu'on aurait dû donner à ce procès politique, —que Thouret et consorts se sont hâtés de faire statuer sur l'éducation de l'héritier présomptif. On jure contre la liste civile : l’homme aux 30 millions aura toujours des partisans plus qu’un chef ou président du conseil ministériel.

Vos gentilshommes n’émigreront pas avec leurs passeports; ils ne deviendront pas ici les plus forts. (Papiers R.. Lindet.)

CLXX VII. — Au même. Paris, le 12 juillet 1791.

Mon frère, la sévérité de la garde des Tuileries augmente. Les députés mêmes n’y peuvent plus entrer avec leurs cartes. Des tentes sont dressées dans les jardins, les gardes sont multipliés et logés jusque sur les toits. Lorsqu'on nous a avertis de lanouvelle consigne, il faisait beau voir les Malouet, les Dufraisse, les Faucigny, les Montlosier. Les convulsions les ont agités, mais on est enfin parvenu à les faire taire et à passer à l’ordre du