Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

294 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

… On n’a pas eu tort de donner une semonce à tous les ci-devant gentilshommes. Les désarmer était chose très prudente, dont on s'est avisé assez généralement, et ils sont fort mécontents de cet acte de défiance.

… Si vous avez à répondre à tous les ci-devant nobles chagrins, je vous plains. S'il fallait que vous les renvoyassiez contents, ce serait bien pis. (Papiers R.. Lindet.)

CLXXVI.— Au même. Le 10 juillet 1791.

Mon frère, nos Comités ne voulaient point faire de loi contre les émigrants, on les force d’en présenter : ils proposent des projets absurdes (1).

… M. de Cazalès a donné sa démission : il n’a pas signé la déclaration des 290. Je suis persuadé que celuilà encourrait aussi la peine de la déportation. Attaché à la couronne, il ne l’est pas au porteur...

La liste des prétendants à la gouvernance du marmot royal est un chef-d'œuvre de sottise : un décret en a cependant rayé le nom de Bouillé. Vous êtes émerveillé d'y trouver le chansonnier de Breteuil et le médecin de Laigle; beaucoup d'autres médecins et le successeur de l'abbé de l’Epée. Ii semblequ’on se défie du tempérament politique de l’enfant, et qu'on veut aussi lui former une nouvelle constitution. On le livre à la médecine. Beaucoup de ces nominations sont faites ironiquement.

Spéculez tant que vous voudrez sur les dépositaires du pouvoir exécutif : nos Comités jugent, je crois, que Île grand fonctionnaire ne peut pas être mis en cause, qu'il n’y a pas lieu à inculpation, que tout est bien.

Le bon Louis n'a-t-il pas eu l’attention de nous guérir de la peur, en donnant un démenti bien formel à tous

\ (1) Voir la séance du 9 juillet 1791 (rapport de Vernier). Moniteur, réimpression, IX, 79-84.