Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (3 JUILLET 1701) 203

50,000 gardes nationales aussi exercées que les troupes de ligne.

Le même esprit a dicté toutes les adresses qui arrivent en foule. Voilà la souveraineté nationale bien reconnue.

Le pouvoir exécutif n’existe plus que dans la deuxième main. Le grand fonctionnaire est borné à boire, manger et dormir, fonctions dorit il s’acquitte bien. Vous ne trouverez pas dans Paris le mot roi, reine, royal; jusqu’au malheureux roi de Siam qui a été banni de la rue à laquelle il avait donné son nom. Le jour de l'entrée de Louis XVI, Louis XV aurait fait la culbute, si des bras eussent suffi pour ébranler son colosse. Tous les jours, de nouvelles motions se font dans les clubs des places pour renverser toutes les statues. Ce langage est aisé à comprendre. Malouet a dénoncé à l'Assemblée, et par conséquent fait lire à tout Paris et à toute la France, une affiche du plus intrépide républicain qui juge et motive son jugement (1). Il veut que Louis XVI soit désormais M. Louis de Bourbon, et que le mépris général garantisse la sûreté de sa personne. On a passé à l’ordre du jour.

L'Assemblée nationale va toujours décrétant, recevant les adresses et les serments. L'opinion publique lui donne carte blanche, mais je crois qu’elle aura plus de peine à se décider que la France n’en aurait à accepter sa décision. L'Assemblée nationale a toujours déconcerté les intrigants : la place de gouverneur de l'héritier présomptif de la couronne tentait quelqu'un de ses membres. On s’est hâté de prononcer l'exclusion. À quoi bon cette place si. mais.

Monsieur, dit-on, voudrait bien revenir en France : il voudrait un billet de garantie : qui le lui donnera?

(1) Il s'agit de l'affiche d'Achille du Chastellet. Moniteur, réimpression, DOFI2 25