Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

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qui étaient sur le siège. Le peuple armé et non armé en voulait faire déconfiture. Il fallut du temps pour calmer les esprits et débarrasser le passage. Il descendit tranquillement, s’essuya la figure avec son mouchoir en disant : « J'ai bien chaud. » Rentré dans son appartement : « J'ai fait là un f.... voyage. Y a-t-il un poulet ici? Je le mangerais bien. » Et il le dévora.

On parle toujours d'essais de projets de nouvel enlèvement : mais cette toison d’or ne trouve pas de Jasons.

L'Assemblée n’a osé se reporter au mois de juillet 1780. Je ne sais si elle a bien fait pour le royaume, mais elle a reconnu son impuissance de faire mieux. Avec un vaisseau qui fait eau de toutes parts, on n’entreprend pas de faire un voyage au long cours. l

Je crains bien qu’on n'ait fait un mauvais parti à M. Duveyrier (1). (Papiers R. Lindet.)

CLXXX. — Au même. Paris, le 18 juillet 1701.

Mon frère, l'opposition au décret de vendredi a été violente. Depuis plusieurs jours les différents clubs, les Jaco-

(1) Le lendemain, Buschey des Noës écrivait à la Société des Amis de la Constitution à Bernay pour lui signaler le schisme qui s'était produit au sein de la Société des Jacobins à Paris. Il raconte les incidents relatifs à la pétition qui déclarait ne plus vouloir reconnaître le roi parjure comme roi des Français, le vote favorable à la pétition obtenu au sein des Jacobins, et la scission entre les membres qui en fut la conséquence. « Les membres de la Société, qui sont en même temps députés à l’Assemblée nationale, se réunirent en l'église des Feuillants, dit Buschey, et y arrêtèrent et signèrent qu'ils formaient la vraie Société des Amis de la Constitution. Je ne doute pas, dit-il, que ce soit à cette même Société que vous désirez être affiliés. Au surplus, vous allez recevoir le décret de vos représentants ; vous le] lirez avec sang-froid, pénétrés des motifs qui l'ont fait rendre, et [vous sentirez que l'inviolabilité et la conservation d’un monarque, quoique coupable, vaut mieux qu'un détrônement déchirant et la substitution d’un gouYernement nouveau à celui établi par la Constitution. Le calme semble déjà renaître dans Paris... J’aperçois même déjà que vos mandataires, vainqueurs des privilèges, des préjugés et de la superstition, ne céderont pas aux erreurs du patriotisme exagéré et à l’égarement d'un peuple en état

. de rébellion. » (Arch. Bernay.)