Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (16 JUILLET 1701) .299 CLXXIX. — Au même. Paris, le 16 juillet 1791.

Mon frère, voilà un grand procès jugé (1).

Décrété qu’à l'avenir le roi qui rétractera le serment de la Constitution sera censé avoir abdiqué. Le roi qui se mettra à la tête d’une armée pour en diriger les forces contre la nation ou qui ordonnera à ses généraux de le faire, ou même qui ne s’y opposera pas formellement, sera censé avoir abdiqué. Après cette abdication, il rentrera dans la-classe des citoyens et sera accusable par les voies ordinaires. | |

… Le club des Jacobins va devenir schismatique. Il a protesté. Beaucoup de têtes chaudes se sont emparées de cette confrérie. Les membres de l’Assemblée ont négligé d'y conserver la supériorité et l'influence par l’assiduité. Cette société pourrait devenir inquiétante, si elle persistait dans son systéme de républicanisme.

Si l’Assemblée maîtrise l'opinion publique dans cette occasion, c’est la plus forte preuve de son autorité. Si elle échoue, je ne sais pas ce qui sauvera la France.

Il est sûr qu'on finira par approuver le décret, s’il n'arrive rien qui contrarie; mais cela est impossible à supposer. Le roi ne voit que les personnes désignées sur la liste qu’il remet à la garde nationale, et cette liste ne contient que des noms aristocratiques. La Constitution acceptée, on lui remettra le pouvoir exécutif, Voudra-t-il conserver ses ministres ? Les généraux? S'il essaie de les congédier, qu’en arrivera-t-il? Tous nos aristocrates sont si fous, si enragés, et le bon sire est si imbécile qu'iln'y a pas de sottise à laquelle il ne faille s’attendre. Je ne sais si vous avez vu quelquefois un trait qui caractérise l’homme. En descendant de voiture, aux Tuileries, il fut témoin du danger que coururent les trois gardes du corps

k , (1) Séance du 15 juillet. Moniteur, réimpression, IX, 136, 152.