Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

302 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

n’était pas une opinion factice. Il ne restait plus de traces du nom du roi effacé partout; on voulait voir abolir la chose.

Jamais la chose publique ne s’est trouvée en plus grand danger. L'Assemblée nationale avait toujours été le centre de réunion : elle est attaquée par cette commotion. I1 y avait à craindre, —de la part de la garde soldée qui a trop offensé le trône pour ne pas désirer le renverser, — de ia part des gardes nationales, dont une partie, livrée à un patriotisme outré, pouvait voir des traîtres dans ceux qui relèvent une idole qu'ils croyaient brisée, dont une autre partie est intérieurement infectée d’aristocratie, et dont une autre partie n'aime pas que le jeu des armes devienne sérieux. Il y avait à craindre de la part des faubourgs, dont l'opinion n’est pas connue ; enfin, la multitude dans Paris se porte avec une telle affluence que la garde aurait dû succomber. {

M. de La Fayette a fait un acte de générosité applaudi et improuvé. Un particulier essaya hier de lui donner un coup de fusil à bout portant. Le coup ne partit pas, le particulier fut arrêté, et M. de La Fayette l'a fait relâcher. Décrété qu'il sera pris et mis en arrestation (s’il n’a pas pris le large); plusieurs particuliers sont emprisonnés… … Je ne sais si la partie schismatique du club des Jacobins ne va pas faire acte de repentir et rendre le local aux membres de l’Assemblée qui en sont les fondateurs. Ceux-ci doivent se reprocher l'introduction de certains individus, et, au lieu d’opérer une scission, il fallait ramener les esprits, ce qui était possible quoique diffcile. Voilà un échec pour les Brissot, les Danton, les Laclos, les Condorcet, etc.

Tous les clubs vont être avertis de la scission des Jacobins. (Papiers K. Lindet.)