Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (30 SEPTEMBRE 1791) get

CXCVIII.—A R. Lindet. Paris, Le 30 septembre 1791.

Mon frère, enfin nous voilà libres, nous avons dételé!

Notre dernière représentation a été très brillante. Le roi a fait un discours très constitutionnel et très applaudi.

Au premier moment, MM. Thouret, Le Chapelier et Beaumez vont partager les 100,000 francs appliqués pour les conseillers intimes et secrets du monarque. MM.Camus, Tronchet, et qui pis est Martineau, ont refusé d'être conseillers pour les affaires particulières.

On assure que quelques régiments d’Espagne ont demandé à entrer en France, et les troupes allemandes demandent des comptes à leurs officiers.

La nouvelle législature prend possession demain matin de nos places: elle sera nombreuse dès cette séance. La vérification des pouvoirs ira grand train.

Nous ne nous attendions pas à des compliments et à des regrets du roi de nous voir partir si tôt.

La guerre ecclésiastique n’est pas finie; l’ancien clergé, blessé à mort, tâchera de nous entraîner dans sa chute.

Je ne dis point encore quand je partirai, Ce sera, si vous n'êtes pas trop longtemps, quand vous serez arrivé : déjà deux députés seront vos commensaux (1).

P.-S. Le roi, qui n’a pas voulu du cordon bleu, a pris le cordon rouge et le crachat d’or : est-ce pour complaire à la défunte noblesse? (Papiers KR. Lindet.)

(x) Thomas Lindet, avant de partir de Paris, avait arrêté, pour son frère Robert, un logement chez M. Colon, chirurgien, 339, rue Saint-Honoré. Deux députés habitaient déjà la même maison.

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