Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
324 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET
J'ai bien peur que les affaires du clergé ne reviennent encore échauffer quelques esprits à présent qu'il est bien dépouillé. Quand vous voudrez lui ôter quelque chose, observez que vous lui enlèverez la peau.
Je vous attends.
CC. — Au même. Evreux, le 17 octobre 1791.
Mon frère, vous voilà donc législateur, et sans doute assermenté et exerçant vos fonctions. Vous ne serez pas étonné de ce que l’opinion des Parisiens n’est pas encore bien établie sur le compte de votre législature et de ce que la législature elle-même n’a pas encore une marche bien ferme. Les Comités vont donner occasion de mettre plus d'ordre dans les discussions, et beaucoup de gens, trop empressés de parler, apprendront à se taire.
On vous proposera des règlements contre les réfractaires. Le nouveau clergé a à se défendre contre une classe qui voudrait que l’ancien et le nouveau s’entredétruisissent, contre les courtisans qui voudraient rétablir l’ancien,et contre l’ancien clergé qui jouera la religion pour rattraper ses biens. J'ai conseillé à plusieurs évêques, vos collègues, de ne pas solliciter de décrets, de demander la question préalable, de dire : « La loi est faite contre les perturbateurs du repos public. »
On sollicite promptement les règlements pour constater les mariages, baptêmes et sépultures. Cette loi autorisera indirectement les mariages des prêtres. Elle aura un terrible effet : elle n’en aurait pas, si le prêtre qui se marie était censé abdiquer ses fonctions. Votre loi ne prononcera pas, et les tribunaux jugeront comme ils voudront. Je vous parle beaucoup de matières ecclésiastiques, et vous ne voulez pas de Comité ecclésiastique.
Nos évêques ont présenté au roi notre ouvrage constitutionnel : je craignais que le roi n’en voulût pas entendre