Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (17 OCTOBRE 17091) 325

parler. Je suis fâché que cet ouvrage ne soit pas mieux limé. Les anciens gardes françaises regrettent de quitter Paris, et les Parisiens regrettent de les voir partir. Ni les uns ni les autres n’ont tort, à mon avis. Dire aux Parisiens d’avoir confiance, lorsque les émigrants désertent, lorsque mille circonstances annoncent qu’on voudrait bien les leurrer, c’est dire à un malade : « N’ayez pas la fièvre. » Cependant, je crois que la maladresse de nos ennemis est un préservatif spécifique contre leurs mauvaises intentions. Je vous exhorte à vous ménager : ne vous impatientez pas d'entendre les bruits, les clameurs et de voir quelques explosions dans l'Assemblée. Ne vous épuisez pas sous prétexte de rétablir l’ordre. Réservez-vous pour des questions qui en valent la peine. Ne vous usez pas pour des motions qui sont le patrimoine de la médiocrité. On ne pardonne pas à celui qui paraît trop souvent sur la scène, et d’ailleurs, vous n’y tiendriez pas.

J'ai eu bien du regret de ne pas vous voir et de ne pas passer quelques moments avec vous à Paris.

Voici quelques notes sur les personnes qui peuvent vous être utiles, dont plusieurs iront vous voir.

Si vous faites connaissance avec l’évêque de Lyon, vous lui parlerez de moi. L’évêque de Limoges est un homme aimable, modéré. Le vieux évêque de Pamiers est original, pétulant, mais très accommodant. Bayeux et Amiens seront les plus ardents : j’ai oublié de faire connaissance de ce dernier.

L’ex-capucin M. Chabot, vicaire de M. Grégoire, évêque de Blois, veut qu’on parle de lui. Dieu sait quand vous le ferez taire. Je me tais pour vous souhaïiter le bonsoir. On a regretté ici (1) de ne pas vous avoir retenu plus longtemps.

(1) Chez M. et Mme Passot, à Évreux.