Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (28 DÉCEMBRE 1791) 327

faisait la guerre, la première place ennemie à prendre serait le château des.

La division des Feuillants et des Jacobins a été bien funeste à la fin de l’Assemblée constituante; elle ne vous le sera pas moins.

Le décret concernant le payement aux émigrés sera sanctionné le plus tard possible: le décret des réfractaires . ne le sera pas. On n’a osé le dire dans la visite qui vous a été faite, mais on a voulu préparer les esprits, opérer une grande commotion, inspirer la confiance, gagner du temps.

Je ne m'aviserai pas d’aller m’établir à l'évêché dans cette saison. Quelques maussades réparations ne m'y détermineront pas, n’ayant ni meubles ni provisions. Je retournerai passer janvier à Bernay; j'éviterai les visites que je ne rendrais pas, et je serai moins à charge à la maison de M"° Passot, que je crains d’ennuyer.

CCII. — Au même. Évreux, Le 28 décembre 1791.

Mon frère, les Carra, Marat, Desmoulins dorment-ils? C'est à eux à porter la terreur chez les despotes de l'Europe. Ce n’est pas de la part des peuples voisins qu'un peuple libre doit craindre la guerre. Les peuples envieront la sagesse, la liberté des Français, non pour les détruire, mais pour les acquérir; en se battant contre nous, ils formeront des vœux pour nous. Ce sont les maîtres des troupeaux d'hommes qui sont nos ennemis, c’est eux qui nous attaqueront, c’est contre eux qu’il faut se défendre. Il ferait bon les menacer sur leur trône. Il faudrait leur annoncer que si la France rencontre des Porsennas, elle produira des Scævolas. I faudrait les menacer d’un ordre de chevalerie destiné à les attaquer eux-mêmes, et publier que leur dévouement serait récompensé dans leur personne et dans celles de leurs veuves