Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (6 MARS 1792) 337

le purger. Tous les ministres de France chez l’étranger sont vilipendés : ne veulent-ils pas l’être? ne veut-on pas qu'ils le soient ?

Si Coblentz est bien investi, nous n’aurons pas la guerre. Sion s'échappe de Coblentz, la fuite pourra être funeste aux fugitifs, et dans ce cas, la succession sera difficile à recueillir. La guerre avec l'étranger sera courte, mais vive : siles fugitifs sont heureux et arrivent à terme, je crois à la guerre la plus longue.

L'Allemagne, la Prusse, la Sardaigne, l'Espagne, la Suède resteront tranquilles ; sion ne sort pas de Coblentz, la Russie se contentera d'envoyer des condoléances au pape.

Un grand nombre de politiques voient que, par le dépouillement du clergé, l’assujettissement des nobles aux contributions, il se trouvait un grand moyen dans les mains du gouvernement de faire marcher la machine pendant quelque temps. Cela leur suffisait : une aussi grande secousse se bornera-t-elle Ià ?

La falsification des assignats, la lenteur de l'émission des petits assignats, la non-apparition de la petite monnaie d'argent, de cuivre et de cloches, les difficultés de retirer l'énorme quantité de bons jetés dans le commerce augmentent les terreurs.. Quand fera-t-on séquestrer les biens des émigrés ?

… Je laisse le directoire du département s'arranger de l'évêché comme il l'entend.

CCX. — Au même. Évreux, le 6 mars 1792.

Mon frère, nous voilà en état de guerre : Conches, la Barre, la Ferrière, Breteuil ont été emportés d'assaut et Verneuil a ouvert ses portes à l'ennemi : il doit faire incessamment la prise du Neubourg, de Saint-André et d'Évreux. La place d’armes est Conches. Les Baux de

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